Les drones s’invitent dans le ciel de PERONNE

Article du Courrier Picard PUBLIÉ LE 16/11/2014, Source : www.courrier-picard.fr

Les drones ne font pas que survoler les centrales nucléaires. En Haute-Somme, professionnels et amateurs d’aéromodélisme les ont adoptés à d’autres fins.

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Les drones ne font pas peur à tout le monde. Décriés depuis que plusieurs engins ont survolé treize centrales nucléaires en France, les drones inquiètent. Pourtant, leur utilisation peut s’avérer aussi très prometteuse. Ces robots inspirent particulièrement les entrepreneurs.

Partout, les idées fusent : le « drone ambulance » pour transporter à près de 100km/h un défibrillateur à une victime d’un arrêt cardiaque, le « drone GPS » qui conduit à bon port un marcheur perdu, le « drone agriculteur » pour analyser les champs ou encore le « drone serveur » qui fait le service dans les restaurants. Bref, la drone-mania sévit partout, même en Haute-Somme.

À Péronne, deux entrepreneurs ont lancé leur petite entreprise, Euro Drone, en septembre. Comme prestataires de services, ils réalisent des vues aériennes pour le compte d’autres sociétés.

« L’idée, ce n’est pas de filmer tout et n’importe quoi », insiste d’emblée Laurent Frison, codirigeant. « Nos images prises en hauteur peuvent servir les architectes, les entreprises spécialisées dans l’énergie ou toute sorte de sociétés très sérieuses. Nous proposons une vraie technique de prise de vue. »

Le drone a mauvaise presse

À ses côtés, Fabrice Pester, l’autre pilote de cette petite entreprise, confirme avec un large sourire. Pour ces deux quadragénaires, c’est un nouvel envol, une reconversion. L’un est un ex-directeur commercial dans l’imprimerie, l’autre un ancien routier. « Rien à voir, mais nous avions tous les deux déjà fait de l’aéromodélisme. En guise de formation, nous avons juste passé le brevet de pilotage d’ULM pour la théorie, et notre déclaration de niveau de compétence de télé-pilote. » Côté investissement : 20 000 euros ont payé la fabrication sur mesure de leur drone.

Depuis octobre, ils travaillent avec Sigexy, une filiale de Sicae, pour qui ils vont réaliser des vues aériennes de bâtiments publics ou même de villages entiers afin d’en mesurer l’isolation thermique. Un contact a aussi été pris avec la Chambre d’agriculture pour analyser les champs à grande échelle. « Tout est imaginable, mais nous devons faire beaucoup d’information, les entreprises connaissent peu ou mal les drones », souligne Fabrice Pester.

Ils le constatent, les drones ayant survolé les centrales nucléaires font du mal à leur « business ». « C’est certains, ceux qui font ça donnent une très mauvaise image du drone. Tout comme les amateurs qui utilisent leur drone pour tout et n’importe quoi. Ça fait peur aux gens », s’énerve encore Laurent Frison.

Une peur qui se ressent partout chez les vendeurs d’aéromodélisme ou dans les associations. « Nous vendons beaucoup moins de drones ces derniers mois. Il y a un an, ça marchait mieux. Le problème, c’est que les gens ne savent pas ce qu’il est autorisé ou non de faire. Si certains font n’importe quoi, beaucoup aussi n’osent pas faire voler ce genre d’engin », explique Évelyne Buche, gérante du magasin Buggy modélisme à Ham. « Ici, ce sont des jouets, les premiers prix sont à 179 euros. C’est vraiment accessible, mais les gens ont peur. »

Même constat du côté du club d’aéromodélisme d’Albert, où un drone est utilisé de temps en temps.

« Nous ne l’utilisons pratiquement pas. Juste pour faire quelques images au moment d’une manifestation annuelle. Mais c’est assez délicat et ça ne nous plaît pas beaucoup. La réglementation n’est pas claire. Moi, je trouve cela dangereux. Les gens peuvent voler n’importe où, alors que nous par exemple, nous sommes limités dans l’utilisation de nos petits hélicoptères et avions. Nous volons uniquement sur notre terrain de vol, qui est déclaré et autorisé. Eux peuvent voler partout », insiste le président de l’association, Franck Darras, qui espère qu’une nouvelle réglementation va vite venir encadrer l’utilisation des drones.

Licencié depuis 7 ans dans le même club, Franck, lui, a son propre drone. « Je fais très attention. Pour moi, le drone c’est dans la continuité de ma passion pour les hélicoptères ou les avions. C’est de la haute technologie, le drone est stable et se pilote très facilement. Je connais les règles, je ne vole pas n’importe où et jamais à plus de 150 mètres de haut », souffle-t-il.

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